8 juin : Journée nationale d’hommage aux “morts pour la France” en Indochine

Le 8 juin, le ministère commémore la journée nationale en hommage aux “morts pour la France” en Indochine. Cette journée correspond au jour du transfert de la dépouille du Soldat Inconnu d’Indochine à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, le 8 juin 1980. 

Un peu d’Histoire…

À l’issue de la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945, le Viêt-minh, mouvement indépendantiste dirigé par le communiste Hô Chi Minh, proclame l’indépendance du Vietnam. Après avoir tenté de négocier, la France choisit de reconquérir militairement l’Indochine et y envoie le corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (CEFEO).

Le Viêt-minh mène des opérations de guérilla contre la présence française. Après la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, il reçoit de la part de la Chine communiste un important soutien logistique qui lui permet d’armer un corps de bataille de plusieurs milliers d’hommes. Le général Giap, commandant de l’armée du Viêt-minh, passe alors à l’offensive. Au cours du mois d’octobre 1950, il chasse les Français des abords de la frontière chinoise.

La bataille de la RC 4 oppose, durant la guerre d’Indochine, les forces du corps expéditionnaire français à celles du Việt Minh, en septembre et , au nord Tonkin à proximité de la frontière chinoise. Ces combats se soldent par la défaite des troupes françaises. La route coloniale 4, ou RC 4, est une ancienne route d’Indochine qui a eu une importance stratégique majeure pendant la guerre d’Indochine. Située à l’extrémité nord de l’Indochine (Tonkin) et longeant la frontière avec la Chine sur 200 km, la RC 4 a souvent été l’objet de combats pour les soldats français avec les Pavillons noirs, les Japonais et le Việt MinhCette route, qui reliait Lào Cai à Móng Cái, permettait le ravitaillement des places fortes de Lang SonNa ChamThat KhéDong Khê et Cao Bang, et permettait les liaisons avec Hanoi, la capitale du Tonkin, via la RC 1. Elle était surnommée « la route sanglante ».   Bataille de la RC 4 — Wikipédia (wikipedia.org)

Un temps arrêté, il se lance, au printemps 1952, à l’assaut du Laos. La défaite de Dien Bien Phu, le 8 mai 1954, amorce le désengagement français d’Indochine.

La conférence internationale de Genève qui se déroule au cours du printemps et de l’été 1954 met fin à la guerre d’Indochine. Les pertes militaires françaises sont lourdes : plus de 47 000 soldats métropolitains, légionnaires et africains ont été tués ainsi que 28 000 autochtones combattant dans le CEFEO et 17 000 dans les armées des États associés de l’Indochine. Pour sa part, les pertes du Viêt-minh sont évaluées à près de 500 000.

Le 8 juin est institué Journée nationale d’hommage aux morts de la guerre d’Indochine par le décret n° 2005-547 du 26 mai 2005.

Un mémorial dédié aux morts pour la France en Indochine a été inauguré à Fréjus en 1993. Il abrite près de 24 000 sépultures de militaires et de civils morts en Indochine.

Comprendre cette journée nationale

Pour retrouver des articles historiques, des photographies, des témoignages et des films sur la fin de l’engagement français en Indochine, rendez-vous sur la page consacrée au 8 juin sur le site Chemins de Mémoire :

https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/hommage-aux-morts-pour-la-france-en-indochine

Vous pouvez aussi vous rendre sur les sites :

  • Mémoire des Hommes (https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr) qui met à disposition du grand public une base de données pour mener des recherches sur les Morts pour la France : vous pourrez accéder au fichier établi par le ministère des Anciens combattants au lendemain du conflit et effectuer une recherche nominative.

Message de Patricia Miralles
Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire

Journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » en Indochine  8  juin 2024

Le courage des soldats morts pour la France en Indochine n’a pas fini de susciter notre admiration, notre gratitude et notre reconnaissance.

De 1945 à 1954, de l’agression provoquée par le Japon, pays allié de l’Allemagne nazie, jusqu’à la fin de la guerre d’Indochine, ces terres balayées par les moussons ont vu mourir des soldats français. Aujourd’hui, réunis devant nos monuments aux morts, nous honorons leur mémoire.

Nous nous souvenons des résistants aux forces japonaises pendant la seconde guerre mondiale, à ces braves qui se battirent à un contre cinq pendant le coup de force du 9 mars 1945, où plus de 2 500 d’entre eux furent tués.
Nous nous souvenons de leurs successeurs, Français de métropole et d’Outre-mer, engagés de la Légion étrangère, tirailleurs africains, appuyés par des combattants supplétifs vietnamiens, cambodgiens et laotiens. Ceux qui débarquaient à Hanoï et en restaient émerveillés. Pendant quelques jours ou quelques semaines, ils découvraient « la ville dans la courbe du fleuve », la ville à l’architecture éclectique qui pouvait donner l’illusion d’être en métropole.

Et puis vient le jour du départ, le moment du rassemblement, peut-être une dernière lettre, et direction le front. Ils se sont battus dans la jungle, la boue des rizières ou sur les pics de calcaire. Sur ces collines, dans ces vallées où pleuvaient la lumière et le feu. Sous une pluie battante ou une chaleur suffocante, ils découvraient « l’enfer vert » et ne l’ont jamais oublié. Ils y ont laissé une part d’eux-mêmes, quand ce n’était pas la vie tout court.

Progressant à pied, avec difficulté, dans des véhicules motorisés ou parachutés depuis les Dakotas de notre armée de l’air, ils ont lutté et n’ont jamais plié. Dans un rapport de force inégal, où l’armée populaire vietnamienne pouvait s’appuyer sur la géographie comme sur la population locale, ils n’ont jamais rien cédé à l’ennemi. Ni la terre, ni l’honneur.

Et dans le décor d’apocalypse de Diên Biên Phu, qui sans être la dernière bataille a décidé de l’issue de la guerre, un espoir a empêché les combattants rassemblés sur les dernières collines de sombrer. Une silhouette longiligne dans un habit de parachutiste, qui soignait les corps et pansait les âmes. C’était Geneviève de Galard, « l’ange de Diên Biên Phu », qui vient de nous quitter.

Nous nous souvenons de ces hommes pétris de courage et de résolution, volontaires pour beaucoup, que la défaite n’a pas brisés. Nous nous souvenons des prisonniers, de ceux de Diên Biên Phu et de tous les autres, encerclés dans une rizière ou capturés dans une clairière. Ils n’avaient pas fini de souffrir dans ce pays qu’ils ont aussi tant aimé.

Blessés, diminués, fatigués, ils ont connu les marches infernales, des centaines de kilomètres à pied, les chairs à nues, les frères d’armes morts sur les bas-côtés. Et puis les camps de rééducation, les privations, les tortures dans les geôles de bambou. Ces camps d’un genre particulier, des camps sans miradors ni barbelés, avec peu de gardiens, mais où la langue, la couleur de peau, l’environnement et la faiblesse des hommes rendaient les évasions chimériques.

La plupart des prisonniers survivants, restés quelques mois dans les camps, sont libérés à l’été 1954, après la signature des accords de Genève. Si peu d’entre eux nous sont pourtant revenus. Parmi eux, ils sont nombreux à avoir été confrontés au soupçon, par leur propre armée qu’ils aspiraient à retrouver, de compromission avec l’ennemi.

70 ans après, le temps n’efface ni leurs souffrances, ni leur courage, et encore moins la reconnaissance de la Nation. Car là-bas, en Indochine, dans cette guerre lointaine sur les cartes comme dans les esprits, dans ce conflit de la guerre froide qui n’intéressait pas une métropole toute occupée à se reconstruire, des destins individuels se sont brisés et des héros se sont révélés. Ces frères d’armes y ont consacré le meilleur d’eux-mêmes : leur valeur, leur courage, leur jeunesse.

Ils méritent que nous nous souvenions d’eux. Honorons les morts comme ceux qui en sont revenus et qui, depuis, portent la mémoire de leurs frères d’armes.

Vive la République !

Vive la France !